Tradition et renouveau dans les tapisseries d'artemis*

par Angela Tamvaki Conservateur Département des tableaux Européens Pinacothèque Nationale et Musée Alexandre

Je fais la connaissance d’artemis * au cours de l’été 1994. Elle est depuis quelques années installée dans son île bien-aimée, Tinos, petite île exceptionnelle située dans les Cyclades.

J'ai l'impression que sa préoccupation presque "obsessionnelle" de la lumière est née dès son premier contact avec la splendeur éblouissante du soleil des Cyclades, cet éclat qui fascine ou effraie et que l’on peut aimer ou haïr passionnément.

L’abstraction de ses compositions n’affecte pas leur habileté à raconter une histoire.

artemis* est une raconteuse accomplie : elle peut raconter des histoires anciennes d’une manière fascinante et inventer de nouvelles interprétations individuelles et originales. Son aperçu est sélectif et clairement poétique. Les recherches sur les sujets qu’elle choisit de traiter sont méticuleuses, mais ses critères sont différents de ceux d’un érudit. Elle s'identifie avec des caractères incarnant des qualités opposées, ou même encore avec un caractère marqué par la fusion des contradictions, dont Ulysse est l’exemple typique.

Ses illustrations des évènements particuliers dans l’Odyssée sont inspirées d'Homère et de Kazantzakis: le parallélisme entre le traitement épique du premier et le plus humanitaire du second et les interprétations qui en résultent est innovateur, contemplatif et donne le témoignage d’une exploitation des "signes" unique.

L'année 2000 voit la fin de l'Odyssée (1990-2000) et le début de la seconde entreprise majeure d'artemis*, la série de la Licorne (2001-2010)

Tout a commencé par un songe, comme cela lui arrive souvent avec ses inspirations intuitives: cette artiste a la capacité de se familiariser avec les mystères d'un univers mythique habité par des créatures fabuleuses. Cette fois, d la rencontre se fait avec un des plus étranges et nobles êtres légendaires: la Licorne, symbole de pureté et de chasteté:

« Elle était blanche, de la grandeur d’un cheval duquel elle se distinguait par sa corne pointée vers le ciel…De la Licorne blanche émanait une si forte lumière, une telle énergie, une telle vitalité, que soudain l’air fut envahi de spermes blancs, pareils à d’épais et légers flocons de neige… La Licorne est venue à moi, librement, par sa propre volonté, me féconder de sa lumière et de sa vie ».

dit artemis*, et cela devient le thème de la première tapisserie.

Angela Tamvaki, Conservateur

Département des tableaux Européens

Pinacothèque Nationale et Musée Alexandre

ENGLISH

Tradition and Innovation in artemis* tapestries

I first met artemis* in the summer of 1994, already settled on her beloved Tinos, a small, extraordinary island in the Cyclades.

I have the feeling that her “obsessive” preoccupation with light may have started after her exposure to the dazzling Cycladic sunlight, which may be enchanting or killing. You either love it or hate it.

The fact that such compositions turned out to be completely abstract

does not obscure their prominent narrative qualities.

artemis* is an accomplished storyteller: not only does she invent fascinating new ways to tell old stories but she also comes up with highly original, individual interpretations. Her approach is selective and clearly poetic. Her research on the particular themes she chooses to treat is meticulous but is based on different criteria from those of a scholar. She

identifies with characters embodying contrasting qualities or even with a character marked by the fusion of contradictions, the prime example being Odysseus.

In the Odyssey, her illustrations of particular events are based on both

Homer and Kazantzakis; the parallelism of the epic treatment of the first, and the more humane one of the second, and the ensuing

(re)interpretations are innovative, thought provoking, and unique in their exploitation of “signs.”

The year 2000 was marked by the end of the Odyssey, 12 tapestries (1990-2000) and the beginning of artemis*' involvement in the second major project: the Unicorn Serie, 10 tapestries (2001-2010) It all started

in a dream, as is often the case with her intuitive inspirations.

This time the dream encounter was with one of the strangest and noblest legendary beings: the unicorn, a symbol of purity and chastity par excellence. "It was white, the size of a horse from which it differed by its horn pointing towards the sky. The Unicorn emanated such a strong light, such an energy, such a vitality that suddenly the air was filled with white sperm similar in thickness to snowflakes_ The Unicorn came to me freely, of its own accord, impregnating me with its light and life.", says

artemis*, and this ist he theme oft he first tapestry.

Angela Tamvaki, Curator,

Department of western European Paintings

National Gallery and Alexandros Soutzos Museum